Les
figures générales de la rhétorique
1.Les
figures de l'analogie:
1.1.La comparaison:
rapproche deux termes à partir d'un élément qui leur est
commun et grâce à un terme comparatif (comme, pareil à, tel
que, ressembler à ...).
Effet produit: la comparaison explicite et rend plus concrète l'idée.
Ex: "Ses
sacs de grains semblaient des fontaines publiques." (Hugo,
La légende des siècles)
Victor Hugo
souligne ici la générosité du personnage envers les pauvres.
1.2. La métaphore: établit
une assimilation entre deux termes. Comparé et comparant
sont rassemblés dans un énoncé sans que le terme de comparaison
soit exprimé. On parle de métaphore filée si elle
se développe sur plusieurs termes, au long du texte.
Effet produit: Plus encore que la comparaison, la métaphore visualise de façon poétique
une réalité perçue subjectivement
Ex: "La mer des céréales,
roulante, profonde, sans bornes". (Zola, La
Terre).
Avec la métaphore
de la Beauce ("mer des céréales"), la description
atteint une dimension épique. Les frontières de l'espace
sont abolies.
1.3. Le cliché: est
une métaphore usée par un emploi répété.
Ex: "Perles de la rosée,
cheveux d'or..."
Effet produit: Le cliché est souvent banal. Il peut cependant être source de créativité:
soit que l'auteur l'utilise à des fins parodiques comme chez
Flaubert, Proust ou Queneau; soit en le rendant insolite
par une légère modification.
1.4. La personnification:
représente une chose ou une idée sous les traits d'une personne.
Effet: Elle rend vivant, saisissant, un
objet inanimé.
"ô Mort, vieux capitaine, il est temps!
levons l'ancre!" (Baudelaire, Les Fleurs du Mal)
La personnification
de la mort sous les traits d'un vieux capitaine précise la
vision du trépas comme ultime aventure humaine.
1.5. L'allégorie: est
une forme de personnification. Elle représente de façon imagée
les divers aspects d'une idée abstraite.
-
Ex: "Mon beau Navire, ô ma
mémoire
-
Avons-nous assez navigué
-
Dans une onde mauvaise à boire
-
Avons-nous assez divagué
-
De la belle aube au triste soir?" (Apollinaire)
Effet produit: Les errances de la mémoire sont rendues sensibles par l'allégorie d'un
navire à la dérive.
2. Les
figures d'opposition:
2.1. L'antithèse: rapproche
deux termes de sens contraire à l'intérieur d'un même énoncé.
Effet produit: l'antithèse met en évidence un conflit.
Ex: "On
appelle ce jargon beauté poétique (...) qui consiste à dire
de petites choses avec de grands mots." (Pascal, Pensées)
Double antithèse
ici: Jargon>< beauté poétique
petites choses><grands mots
2.2. L'antiphrase: exprime
une idée par son contraire dans une intention ironique.
Effet produit: l'antiphrase provoque et soutient l'ironie.
Ex: C'est du propre! (c'est le
comble de la saleté!)
2.3. Le
paradoxe: énonce une opinion contraire à l'idée
commune afin de surprendre, de choquer, d'inviter à la
réflexion.
Ex: "Se
moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher" (Pascal)
Ce paradoxe
souligne la nécessité d'une pensée originale.
2.4. L'oxymore (mot
masculin): 2 termes évoquant des réalités contradictoires
sont réunis dans une même expression.
Ex: "le
soleil noir" (Baudelaire)
Effet produit: l'oxymore crée une nouvelle réalité, c'est le propre de la poésie.
2.5. La Prétérition: feint de taire ce que l'on exprime
pourtant très clairement.
Ex: Une maison triste, pour ne
pas dire sinistre.
Effet produit: La prétérition insiste, attire l'attention
du lecteur ou de l'auditeur, souvent grâce à un redoublement
de l'idée ou une exagération.
3. Les
figures de substitution:
3.1. La métonymie: substitue à un terme un élément
qui lui est lié par un rapport logique suffisamment net.
(Il ne s'agit pas d'une relation d'identité comme dans la
métaphore)
On peut ainsi
remplacer
-
le contenu par le contenant
-
-> boire un verre (= le
contenu d'un verre)
-
la cause par l'effet
-
-> boire la mort (= le poison
qui fait mourir)
-
le moral par le physique
-
-> As-tu
du cœur? (= du courage)
-
la
personne ou la chose par le lieu
-
-> l'Elysée (= le président
de la République française)
-
la chose par le symbole
-
-> les lauriers (=la gloire)
-
l'œuvre par son auteur
-
-> un Balzac (= un roman
de Balzac)
Effet produit:
La métonymie
permet une désignation plus imagée et une concentration de
l'énoncé. Elle est fréquente dans la langue parlée.
3.2. La synecdoque: est un cas particulier de métonymie.
elle substitue un terme à un autre s'il y a entre eux un
rapport d'inclusion.
On peut ainsi remplacer:
-
le tout par la partie:
-
"Les voiles au loin descendant
vers Harfleur" (Hugo) = les bateaux
-
la partie par le tout
-
ameuter le quartier (= les
habitants du quartier)
-
l'objet par la matière dont il
est constitué:
-
croiser le fer (les épées en
fer)
Effet produit: la synecdoque contribue à donner
une vision fragmentée de la réalité. Elle permet un certain
impressionnisme.
3.3. La périphrase consiste à remplacer un mot par
une expression de sens équivalent formée de plusieurs termes.
Le Roi des Dieux (= Jupiter)
permet de définir Jupiter, sans le nommer, par sa qualité suprême.
Effet produit: La périphrase est parfois création d'une attente, d'un mystère. Elle peut
aussi attirer l'attention sur une qualité.
4. Les
figures sur les constructions:
4.1.L'ellipse est la suppression de mots grammaticalement
nécessaires.
ex: "A vingt ans, deuil
et solitude!" (Hugo)
Effet: l'énoncé devient plus dense car il est chargé de tout ce que le lecteur
peut imaginer.
4.2.L'anacoluthe est la rupture de construction
syntaxique de la phrase.
Ex: "Le
nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face
de la terre aurait changé" (Pascal)
Effet: L'énoncé est renforcé grâce à l'effet de surprise.
4.3.L'anaphore consiste à répéter une même construction
en tête d'une phrase ou groupe de mots.
ex: "Partout l'image idée, partout la pensée fleur, partout
les fruits" (Hugo)
Effet: L'anaphore rythme la phrase, souligne un mot ou une obsession, dégage un
thème. C'est un procédé d'amplification rythmique.
4.4. Le parallélisme consiste à utiliser
une syntaxe semblable pour deux énoncés
Effet: Le parallélisme rythme la phrase, met souvent en évidence une similitude ou une antithèse.
4.5. Le chiasme consiste à répéter un schéma
syntaxique en l'inversant (ab + b'a')
Effet: Le chiasme souligne l'union de deux réalités ou au contraire renforce une
opposition.
5. Les
figures d'amplification:
5.1. L'hyperbole amplifie les termes d'un énoncé afin
de mettre en évidence
un objet ou une idée. C'est une exagération.
ex: Un vent à décorner les bœufs =
un vent fort
Effet: L'hyperbole crée une emphase. Elle est courante dans la langue familière.
Elle est souvent utilisée comme support de la parodie ou
de l'ironie.
5.2. La
gradation crée une dramatisation en ordonnant les
termes d'un énoncé dans une succession croissante
ex: "Va, cours, vole et
nous venge" (Corneille)
Effet: la gradation produit un effet de "zoom". Les idées ou les sentiments
ainsi présentés sont l'objet d'une exaltation ou, à l'inverse,
d'une dérision.
6. Les
figures d'atténuation:
6.1. La litote, chère aux écrivains classiques
(XVIIe et XVIIIe s.) dit le moins pour suggérer le plus.
ex: "Va, je ne te hais point" (Corneille)
= je t'aime
Effet: On exprime implicitement beaucoup plus qu'il n'est dit.
6.2. L'euphémisme atténue l'expression d'une idée,
d'un sentiment
ex: Il nous a quitté = il
est mort
Effet: L'euphémisme a pour effet de dissimuler une idée brutale, désagréable ou
jugée inconvenante.
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